Quand l’entourage nous invite à la dounya…

Assalamou aleykoum  mes sœurs et frères,

Je voudrais partager avec vous, à travers ces quelques lignes, un moment important pour moi : le jour où j’ai porté le hijab. Dès lors, je tiens à garder l’anonymat par respect pour mon entourage.

Je me remémore cette période avec tant de nostalgie. C’était il y a six ans. J’avais 17 ans à l’époque et j’étais en terminal. Je vivais encore sous le toit de mes parents.
Tout s’est produit après le ramadan. Un ramadan, plus pieux que d’habitude, où j’avais la particularité d’écouter des téléconférences tous les soirs sur la chaine Iqraa, animées par un prédicateur. Ces mots, sa douceur, sa capacité à aborder tous les sujets contemporains sans tabous me touchaient au plus profond de moi.
J’avais le sentiment de vivre ou de faire revivre une foi enfouie dans les tréfonds de mon cœur. Moi qui n’avais de préoccupation que pour la dounya (vie d’ici-bas), trouvant mon refuge ailleurs que dans la parole d’Allah, et m’adonnant à la médisance.

Au fur et à mesure, j’ai commencé à approfondir mes recherches, et je suis tombée sur une conférence sur le Hijab. Tellement Vrai. Tellement Juste.
En toute honnêteté, je ne m’étais pas lancé dans des réflexions du genre « dois-je porter le hijab? ». Je ne voyais pas le port du Hijab comme un tout. Je le voyais juste comme un détail.
J’ai commencé par délaisser la musique, j’ai noué avec la prière du Fajr (prière obligatoire effectuée à l’aube). J’ai gouté aux saveurs de la prosternation. Et un jour, le Très Haut a dit « Sois ». Et c’est devenu. L’incontournable s’est produit. Je ne l’avais ni prémédité, ni pensé. A mon réveil, je suis allée vers mon placard. Et là, les choses n’étaient pas comme à leur habitude. La nudité de mes bras que j’exposais, mes cheveux, réclamaient d’être couvert. C’était un moment…comment dire….métaphysique. Tout me dépassait. C’était mon corps qui réclamait la pudeur. Ce n’était pas dicté par ma conscience. Et au fond de moi, une voix me susurrait « Es tu prête? », « Que vont-ils dire? ». Toutes les questions du monde avaient beau me tarauder à ce moment, mon corps me brulait. Il réclamait pudeur et obéissance à Allah. Et pourtant, j’ai tenté de résister face à lui. J’ai essayé de retrousser mes manches, pour faire paraître mes bras. A ce moment, c’était comme si Allah leur avait donné la faculté de me parler et elles me clamaient « couvre nous…couvre nous ».

C’est ainsi que je l’ai porté, et toutes les grâces vont vers le Très Miséricordieux pour ce que j’estime être un miracle.

Les premiers jours, mes parents n’y prêtaient pas grande attention. Ma mère me disait « Je connais ce genre de hijab qu’on porte pour quelques jours et que l’on retire ensuite ». Elle me raillait, avec les autres membres de ma famille, en me rappelant tous les péchés que je commettais avant.
Mais les jours passèrent, et mon adoration pour Allah ne faisait qu’augmenter. Je prenais de plus en plus de plaisir à passer du temps dans ma prosternation. J’y trouvais un bonheur que jamais je n’aurais échangé pour toutes les richesses de la dounya.

C’est ainsi que commença un calvaire avec mes parents. Les railleries et moqueries quotidiennes se transformèrent en menace, en insultes….Ma mère commençait sérieusement à me rejeter et à me parler qu’en cas de nécessité. Je souffrais. Je voulais tant la prendre dans mes bras et pleurer comme quand j’étais enfant. Lui dire tout ce que j’avais dans le cœur. Lui dire à quel point je l’aimais. Mais à chaque fois, c’était par le silence que je répondais. Les quelques fois où je tentais de m’expliquer, j’étais très confuse, et aussitôt incomprise. Ma gorge était nouée, et je m’efforçais de garder mes larmes pour moi. Je m’en voulais de ne pas avoir les mots, ni le tact pour leur expliquer. J’attendais la nuit comme seul moment de répit. Ce moment, où toutes les larmes de mon corps sortaient. Une douleur profonde mais la sensation d’une douceur m’enveloppait. La douceur du Très Doux.

J’ai le souvenir d’une scène particulièrement douloureuse. Nous étions allés diner au restaurant avec mes parents, mon frère, ma sœur comme tous les samedi soirs. C’était ma première soirée restaurant en hijab avec eux. Ma mère ne me parlait pas; c’est à peine si elle me regardait. J’avais le sentiment de faire honte à ma famille de par mon aspect vestimentaire. Elle a aperçu ses copines qu’elle a rejoint dans la soirée sur une table à coté. Je la voyais leur parler sur un ton énervé. J’ai compris qu’elle leur parlait de moi. Je me sentais profondément humiliée. J’avais tellement honte de faire honte à ma famille. Mon cœur saignait. J’attendais, comme tous les soirs, le moment où je serais dans mon lit. Seule dans l’obscurité pouvant pleurer de toutes mes tripes, sous le regard du Bienveillant.

Avec le temps, les choses s’adoucirent avec ma famille. Mais pour cela, j’ai du faire quelques concessions. Je portais « le hijab fashion » (sous entendu « négligé dans ses règles») pour ne pas les choquer. Le bac en poche, j’ai quitté le domicilie familiale pour mes études. J’ai rencontré des amies. Je leur faisais la dawah au début et finalement c’est elles qui m’ont invitée à la dounya, à ses mondanités. De concessions en concessions. J’ai répondu: Oui. Subhanallah! Celle qui avait tant enduré pour le Très Haut se retrouvait à nouveau sur le chemin de la désobéissance. Je précise que je n’ai pas retiré mon hijab. Mais j’avoue que les « hijab fashion » n’ont pas beaucoup de valeur à mes yeux. Je me suis remise à écouter la musique, à médire, et à négliger la prière.

Après tant d’égarement, j’ai le sentiment de vivre une crise spirituelle depuis quelques mois. La nostalgie de ces moments où je L’adorais refait surface. Je n’ai plus jamais revécu des moments aussi forts. C’est probablement pour cela que j’ai décidé de tout retranscrire à l’écrit pour que vous appreniez de mes expériences et afin de me permettre de faire une ré-introspection sur moi.

J’ai été faible face aux épreuves qu’Il m’a envoyées. « Ya Allah ne dévie pas nos cœurs après les avoir guideés ». Cette invocation prend tout son sens dans ma vie.

Bientôt, mes études prenant fin, j’irais revivre chez mes parents. Je crains l’épreuve d’Allah. Je crains l’échec. Je crains de ne pas être à la hauteur. Car de concessions en concessions, je cours à ma perte. Et en adoptant une position intransigeante face à tous ce qui a attrait à ma religion, j’ouvre la porte à des problèmes sans fin avec mes parents. Qu’Allah les guide et ne m’éprouve pas par eux.

Sachez que je ne suis pas une convertie et mon cas est loin d’être isolé. Je viens d’une famille musulmane qui prie et jeûne le ramadan. Un « Islam » qui s’arrête aux cinq piliers. Un « Islam » vidé de sa substance spirituelle mais aussi politique. Un « Islam » victime de la mondialisation de la décadence où l’on boit Coca Cola et où l’on mange Mac Donalds, dans le mépris total des frères et sœurs opprimés. En somme, un « Islam » très répandu dans nos sociétés. Qu’Allah me guide et les guide! Ils sont tellement chers à mon cœur!

Aujourd’hui, j’ai le besoin d’avoir un époux vertueux qui m’éloigne de tout ce que cet entourage me fait ressentir. Qu’Allah me l’accorde et l’accorde à toutes mes sœurs dans le besoin!

Je tiens enfin à préciser que si j’ai décidé d’écrire ce n’est pas pour rendre service à mon égo. Mais c’est avec l’intime conviction que nous avons besoin d’échanger et de partager nos expériences pour nous entraider dans le bien. Entourez vous de gens pieux qui vous encourageront au bien! Craignez Allah!

Je vous en aime en Allah, le Tout Miséricordieux. Qu’Il nous couvre de son ombre, le jour où il n’y aura que la Sienne.

Votre sœur
Une lectrice souhaitant rester anonyme

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18 réflexions sur “Quand l’entourage nous invite à la dounya…”

  1. Salam aleykoum wa rahmatullahi wa barakatuh,

    Ce qui t’es arrivé et ce qui t’arrive est très touchant machAllah. Moi qui suis convertie et qui ais pu aussi passer par des épreuves famille/hijab, j’aimerais te conseiller deux choses simples,
    1) Un mari vertueux comme tu l’as dit. Le miens m’a énormément soutenu et c’est un grand bienfait on se sent bien plus fortes.
    2) De ne pas perdre de vue que l’on est des étrangers, ceci est expliqué d’une belle façon dans une vidéo que je te conseille, elle m’a tellement rendu forte : http://www.dailymotion.com/video/xgpqtw_cheikh-khalid-yassin-ghuraba-etrangers_webcam

    Qu’Allah azawajel nous protège et renforce notre foi. Amine.

  2. Salam Alaykoum subhan’Allah je me reconnais dans ton témoignage, mon voile a été une lutte et l’est encore un peu maintenant. Ce sentiment d’humiliation subit par ses propres parents est pire qu’un coup de poignard en plein coeur… Mais si je peux te dire quelque chose c’est qu’Allah nous regarde et qu’il ne nous oublie pas, en rentrant chez mes parents je me cachais pour pas qu’il voit mon voile j’avais honte… et j’avais le sentiment d’être ridicule alors que je voulais respecter les lois divines mais Allah in sha Allah t’accordera un mari pieux qui te comprendra et t’aidera au quotidien… amicalement oukhti

  3. As Salam Aleykoum Wa Rahmatulillah Wa Barakatuhu Oukhty !

    Subhann’Allah j’ai vécu la même chose à tes débuts, il y a beaucoup de similitudes. J’ai commencé à réellement m’intéressé à la religion durant le mois de ramadan où tout comme toi j’écoutais des hadiths, et des rappels de sheikhs et imams réputés. J’ai mis le hijab durant quelque temps pendant le mois sacré. Mais devant débuter des cours à la fac, ma mère m’avait dissuader de le porter et je l’avais écouté… Entre temps, j’ai eu une grosse baisse de foi, qu’Allah me pardonne. Et puis un jour, alors que je regardais une chaine arabe consacré exclusivement à la religion musulmane, il fut diffusé un un hadith sur la mort donné par un imam, toute la journée je n’ai fait que pleurer, et cela a duré durant plus de trois jours. c’était une REVELATION, voilà ce qui me manquait pour être comblé. J’avais décidé de mettre le hijab. Mais les premiers temps tout comme toi ma mère m’ignorait, me rejetait, osait à peine tourner le regard vers moi, même une seule lettre de sa bouche à mon égard était de trop. Cela m’a fait très mal et m’a blessé, j’en pleuré… Mais Al Hamdoulillah malgré les ultimatomes de mes parents du genre : »si tu veux faire el dine, on a qu’a te renvoyer au bled te marier avec un paysan et comme ça on n’en parle plus… », je peux dire que maintenant on est enfin réconcilié, avec beaucoup d’acharnement, et de persévérance, j’ai réussi à lui faire accepter mon choix de porter le voile. Et aujourd’hui, c’est même elle qui quelque fois essaye de le mettre, ce qui me fait très plaisir venant de sa part :).
    Tout ça pour te dire Oukhty ne baisse pas les bras, continuer de prier avec amour Allah azzawajel, et ne délaissé pas ton voile. Fais des du’as pour tes parents, et ta famille, pour qu’Allah les guide et les mettent sur le droit chemin, le chemin de ceux qu’Il a guidé et non des égarés. Prie pour eux comme ça un jour peut-être ils comprendront ton choix, l’accepteront et l’adopteront à leur tour In Sha Allah !

  4. Que Dieu te facilite ma soeur tu as franchi le premier pas ne baisse jamais les bras . Pense que tu es un modéle et ambassadrice de notre si belle religion ! Dieu est grand et sache qu’Il sait ce qui se trouve dans nos coeurs mais ne baisse jamais les gardes car le doute et sheitan font parti de notre quotidien et reflète notre condition d’homme (impuissant et imparfait). Que Dieu nous facilite !

  5. السّلام عليكم

    J’me reconnais tellement dans ce que tu traverses, j’en ai les larmes aux yeux.
    Ma famille est pourtant « musulmane » mais j’ai eu les mêmes épreuves qu’une reconvertie pourrait avoir SoubhanaAllah..

    Q’Allah renforce notre foi.

  6. Salam aleykoum ma soeur, je ne suis pas reconvertie et soubhan Allah je me demande même si ce n’est pas pire en quelque sorte que je vive tout comme toi des épreuves par rapport au voile alors que du côté de ma mère on est musulman. Du côté de mon père, eux, j’ai l’impression font beaucoup moins de commentaires même si je suis sûre qu’il n’aime pas le hijab.

    Le hijab, c’est devenu une option pour beaucoup de personnes. L’islam « modéré » comme on entend à la télé ou encore l’islam des 5 pilliers et ça s’arrête là parfois même sans la prière bref Allah ihdina. J’ai commencé à porter le hijab au début ça allait vu que ma grande soeur était déjà passé par là, avait beaucoup souffert(porter le voile devant les cousins, critique de la famille « hamdoulah on prie, on jeûne, pourquoi le voile? »). J’essaye de porter le voile le plus correct possible: pas de slim, pas de haut serré ou encore de couleur flash al hamdoulilah. Je porte ainsi que des jupes longues et pendant ces vacances je n’ai cessé d’être « harcelée » pour que je porte des pantalons alors qu’on était en été mais également pour que je me baigne comme tout le monde….

    J’ai par la suite regretté d’avoir céder à la deuxième « proposition » soubhan Allah comme toi, à force qu’on me mette la pression j’ai failli céder pour le pantalon et je peux te comprendre quand tu parles de voile fashion. Mes soeurs, un conseil, soyez fières de ce que vous êtes et ayez toujours la tête haute. Une chose que j’ai appris de ces vacances est que quand on nous propose de faire un péché, sur le moment on est gêné de dire non puis fière d’avoir obéit à Allah. Alors que quand on cède, sur le moment ca va mais après on a de très gros remords.

    Au début on m’a souvent dit: « enlève ton foulard » alors que mes cousins étaient présents. Tout ça devient lourd, vraiment et on se sent terriblement gênée. Le voile c’est moi qui le porte non? Parfois j’ai un doute presque.Rien qu’hier ma mère m’a déclaré alors que cela fait bientôt un an que je porte le hijab, qu’elle ne voulait pas que je le mette… Et surtout le « dommage tu étais belle » bref les soeurs tenez le coup, ne lachez rien in cha Allah !!

    N’oubliez pas que cette vie est courte comparé à l’au-delà et surtout que nos parents ne pourrons rien pour nous le jour du jugement !! Wa salam, et qu’Allah nous facilite toutes. Baraka Allahu fiki pour to témoignage ma soeur Allahi jazik kheir.

  7. Sonia d'AutourduHijab.com

    Qu’Allah te facilite ma soeur. je suis touchée par ta tristesse et ton besoin de compréhension. Puisse Allah t’accorder un bon mari qui t’épaulera comme il se doit. ♥ ♥ ♥

  8. Salam Aleykoum, c’est fou comment les parents ne soutiennent jamais leurs enfants dans ce qu’ils choisissent de faire.
    Ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi ils « cassent  » notre volonté et on fini par ne plus vouloir rien faire.
    Mais attention car malheureusement cela ne concerne pas la religion seulement, la famille veut imposer sa loi, s’opposer à nos choix même s’ils ne contredisent en rien l’Islam.
    Ils agissent comme les intégristes qu’ils « méprisent » tant….
    La foi malheureusement c’est des hauts et des bas , des bas qu dépriment, je suis dans le même cas.
    Il faut étudier les causes de ce délaissement. Cela pet etre une pratique trop forte pour notre niveau,ou une pratique associé au bonheur ou au malheur donc si l’un ou l’autre disparaît la pratique aussi.

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