Mon foulard ou la petite histoire d’un impertinent

Honni, vilipendé, décrié, sali, mon écrin.

Des heures de débats stériles, des tonnes de bile déversées par les « sauveurs » de ma dignité sont parvenues à me faire sortir de mon silence. Moult remerciements aux chevaleresques damoiseaux prêts à pourfendre l’oppresseur, l’empêcheur de « tourner en rond » : mon voile.

Suis-je piégée dans une toile tissée par le machisme, ou libérée de l’apologie du paraitre ?

J’ai brisé le projecteur braqué sur une image et j’ai préféré le soleil de la foi éclairant mon cœur, la lumière de l’espoir brillant dans mon regard, le halo d’amour incandescent irradiant par chaque fibre de mon être.
Non, je ne suis pas une indigène qui a besoin d’être éduquée par votre raison.
Non, je ne suis pas socialement défavorisée.
Non, je ne suis pas une faible créature à qui l’on peut dicter paroles, réflexions et actes.

« L’enfer, c’est les autres » dixit J-P Sartre, et à présent « l’autre » c’est moi. Je suis devenue une étrangère au sein de mon pays. Le regard porté sur moi est le regard porté sur l’autre, celui qui est différent, qui n’appartient pas à la société normalisée.

Mon hijab, c’est moi. Nul n’a le droit de me l’infliger, mais nul n’a le droit de me l’arracher.
Intrinsèquement, il est une composante de la personne que je suis, au même titre que l’un de mes membres. Personne ne me l’a imposé, il s’est imposé à moi.
La foi est un cheminement initiatique, semé de remises en question, de doutes, d’aspirations, d’inspirations, de peur, de joies, d’avancées, de reculs, jusqu’à un point de non-retour… l’évidence.

Pour moi, cette évidence c’est un Dieu, une religion, ma religion : l’Islam.

Je ne veux pas « victimiser » notre situation mais j’ai la désagréable sensation que le musulman/l’Islam est présenté comme une tare dans cette société, un paradoxe avec la logique.

Présenter plus d’un milliard d’individus et leur intimité, leur conviction et finalement ce qu’ils ont de plus profond en eux de cette façon – insensée, subie, risible ou néfaste – est tout de même le comble de l’intolérance. A l’heure ou l’on prône la liberté d’expression et ou l’on serine l’enrichissement de la diversité, il semblerait que l’on atteigne pourtant le paroxysme de la pensée unique… celle-ci à peine voilée.

Pour moi, la loi sur la laïcité a très clairement été dénaturée de son sens initial. On demande, de façon particulièrement ciblée au musulman, de renier son identité la plus forte afin d’intégrer un cadre jugé convenable et neutre. Pourtant, le vêtement a clairement un sens social. Pourquoi le dress code de la musulmane serait-il plus dérangeant qu’un autre ? Je n’ai pourtant pas l’impression qu’il soit plus provocateur que nombre de tenues portées par d’autres. En bref chacun exprime sa personnalité propre par certains codes et attitudes. La différence fondamentale est que le « style » de la musulmane réside dans la constance. En effet, le hijab n’est pas un caprice vestimentaire, il ne fait pas partie d’une phase ou d’une rébellion pubertaire. Pour cette femme, c’est la décision individuelle de porter cet habit de façon définitive, au même titre qu’une bonne sœur choisit de prendre l’habit religieux. Ce n’est pas une lubie, ce n’est pas non plus un acte politique ou une forme de prosélytisme : c’est seulement sa volonté d’incarner physiquement l’adoration qu’elle voue à Dieu. Est-il donc juste de priver une personne de la liberté d’exprimer qui elle est ?

Article écrit par Nadège. B

13 réflexions sur “Mon foulard ou la petite histoire d’un impertinent”

  1. salam aleykoum,
    Masha Allah, Tes mots m’ont touchées et transpersent la réalité …. les autres ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas, l’inconnu, pourtant si visible ….

    Puisse Allah fortifier notre foi et nous permettre de vivre en sérénité au milieu des « autres »

    Salam aleykoum wa rahmatoullah

  2. Salam wa3likoum très chère Émilie,

    Merci d’avoir trouvé les mots justes pour décrire ce que, je pense, toute femme voilée ressent en ces temps où il est difficile d’être tout simplement ce que l’on est : des Femmes (« accessoirement » voilées)

    Bien à toi

  3. Salaam Aleykoum,

    Magnifique article! kho la la mais quelle plume encore!!!Bienvenue ma soeur Nadège, tu commences fort avec un bel article comme cela(ça met un peu la pression comme ça :-)))) )
    Cet article devrait être lu et diffusé publiquement sur les grandes châines de télé au 20H!
    wassalâm

  4. Masha ALLAH magnifique article ! vraiment ! je suis très touché ! tu veux pas te présenter a la présidence Nadège ??? lol
    Je me disais : puisque les gogolitas de mi figue mi raisin la (ni but ni soumise !!!) on monté leur assooss et on droit a la parole , j espere qu un jour un groupe de soeurs doté d un brillant sens de la répartie , verra le jour insha ALLAH !!!
    Que Dieu vous garde mes soeurs !!!

  5. salam alaykoum,

    et bien hijab bas à la nouvelle recrue, parce que tu as su mettre tes mots sur nos maux.
    à nous toutes de restée digne, en gardant la tête haute inchaallah.

    barakallahou fikounna les soeurs.

    ps : puis je partager une petite partie de l’article? une partie, qui d’après moi, résume vraiment le tout.

    1. wa ‘aleykoum salam,
      Vous pouvez mentionner (extrait entre guillemets / une petite partie de l’article) mais toujours en mettant un lien vers l’article sur Imane Magazine et ce pour respecter le droit d’auteur et le travail de nos rédactrices.
      BarakaAllah o fikoum.

      Soukayna qui sait…ce site sera peut être un premier pas vers une parole redonnée aux femmes musulmanes, c’est en tout cas ce que nous souhaitons de tout coeur <3

  6. Salamoualeykoum,
    Je trouve cet article profondément enrichissant, et, subhanAllah, tellement similaire à ma pensée et à ma discussion que j’ai eu récemment avec ma soeur (de sang, non musulmane).
    Je lui ai demandé où était le problème concernant ce « foulard », cet habit ample, cette « tente » dit-elle. Et elle m’a répondu très clairement :  » Chez toi, tu fais ce que tu veux. Mais dehors, tu fais comme tout le monde. »

    Où est donc cette liberté de culte ? d’expression ? de pluralité ?
    Mais surtout, où est la TOLÉRANCE ?

  7. salam aleykoum, l’article est tres tres bien écrit ma sha Allah, mais dans le fond j’ai toujours un probleme avec ce truc de « la fameuse répartie face aux laîcs » en ce qui concerne notre culte sur un territoire non musulman et d’une culture opposée aux couleurs de « l’arabie ». Je suis pour s’exprimer, exorciser ce dont on est victime, faut pas toujours le garder en soi, c’est sur, mais la patience est une chose qu’Allah nous sommes d’adopter face à ceux qui on clairement DECIDE OUVERTEMENT de ne PAS ACCEPTER l’islam et que Seul ALLAH Peut modifier les coeurs. Donc, je ne suis pas toujours d’accord avec le fait de se sentir encore et toujours victime de cette intolérance qui est clairement expliquée dans le coran concernant le fait que les mécréants ont rejeté rejettent et rejetteront de tout de temps, toujours et en tout pays l’existence d’un créateur omniscient, et ceux qui suivent sa loi et celle de notre bien aimé aleyhi salat wa sallam, de la meme maniere qu’un musulman a fait chahada à vie, et se battra pour sauvegarder son pacte avec Allah d’une part, et la culture arabo musulmane d’autre part. En tant que musulman-es, on a pas à évoquer leur lois qu’ils violent comme ils le veulent et ils l’ont toujours fait a travers l’histoire, pour les mettre devant leur contradictions, Allah le dit a travers notre prophete aleyhi salat wa salam, nous devons restez les yeux rivés sur celle qui compte pour ALLAH par pour les pseudo laics qui savent très bien qu’ils sont de mauvaise foi et encore ils ne s’en rendent pas compte tellement ALLAH peut fermer les coeurs de certains. je trouve que c’est exactement tomber dans le piege de leur propre intolérance, prétentieux de notre part et surtout cela nous déprime et détourne notre energie que l’on doit reserver à des choses plus qu’importantes, avancer dans notre relation avec ALLAH et justement en profiter pour se renforcer dans un jihad interne et dans ce jihad il y’a ce qu’on appelle l’indifférence face aux cas des plus déterminés a nous faire mal. Tout comme les sahabas paix à leurs âmes. Je dis oui il faut se défendre en cas d’attaque, mais la victoire appartient aux endurants dans le culte, la bonne parole qui tient en une invocation : Allah est mon Créateur, et je me désavoue de ce que vous adorez, et Allah guide qui IL veut après l’avoir détourné et vice versa. Qu’Il Guide donc ceux dont je ne connais pas l’avenir. L’attaque c’est aussi partir un jour quand les lois a venir ne nous laisserons pas le choix, ça m’a l’air assez évident, partir pour sauvegarder sa foi et avancer dans son effort pour ALlah, avec dignité la coeur serré de quitter un pays qui nous est cher mais sans oublier qu’Allah a promis que l’Islam sera un jour la religion qui s’imposera dans ce monde. Nous devons faire d’abord de notre mieux dans notre adoration, le fait d’etre en france visible déterminé a ne pas lacher notre culte, indifférents à la pression sociale, le sourire aux levre d’etre parmis ces croyants qu’Allah éprouve est le meilleur prosélytisme que l’on peut appliquer. S’en remettre au droit qui n’est pas celui d’ALLAH pour dénoncer l’intolérance psychorigide des autres alors que nous avons adopté en notre communauté des pratiques et des valeurs matérialistes qui parfois je trouve leur ressemble bizarrement, me semble parfois un peu malhonnete et immature….c’est mon opinion et ALLAH Est Seul Savant…. respecter l’intolerance des autres est encore plus fort que de se scandaliser…c ‘est comme essayer de taper dans un mur en béton armé avec des jouets en plastique, c’est une perte de temps et d’énergie…restons creatifs, mais dans l’islam…merci de votre tolérance dans mon propos mes soeurs. Qu’ALLAH vous protège toutes, nous raffermisse dans nos jugements et appaise nos coeurs.
    Salam Aleykoum
    Lila

  8. Nadège (rédactrice Imane Magazine)

    Wa3alaykoum salam wa rahmatoullah wa barakatouh,
    Barakallaoufikounna pour tous vos messages qui m’ont fait chaud au cœur, rire parfois et également interpellée. Tout l’intérêt de l’écriture est de susciter des réactions et des sentiments. La critique constructive fait avancer et dans ce sens, je te remercie chère sœur Lila. Je me permets ainsi de répondre à ton message inchAllah. Tout d’abord, comme toi je ne suis pas pour exprimer une attitude de souffre-douleur et j’espère que l’article n’est pas perçu dans ce sens. Je suis également comme toi parfaitement d’accord sur le fait que le jihad est intime et se joue chaque jour contre nos propres passions et que l’on doit se concentrer sur notre foi, sur nos actes et notre culte, et que l’image de l’islam et du musulman passe par le sourire, le bon comportement et une patience à toute épreuve. Mais endurance n’induit pas résignation, et selon le proverbe « qui ne dit mot, consent. »

    Je suis en effet contre la passivité face au climat actuel, délétère et stigmatisant. En tant que convertie alhamdoulillah, je ne peux pas être d’accord avec toi sur le fait de « laisser-faire », ne pas répondre, et ne pas mettre ceux qui attaquent sans fondement face à leurs propres contradictions : moi-même, si Allah n’avait pas mis sur mon chemin de pieux musulmans qui ont fait fléchir mes objections, comment ce voile qui obstruait ma vision de la vie se serait-il soulevé ? Allah a pourvu toutes ses créatures d’une intelligence pour comprendre, de sens pour percevoir et d’un cœur pour ressentir : un des devoirs essentiels et une des choses sur lesquelles on sera jugés, c’est la transmission du message de notre noble religion. Nous sommes des instruments au service d’une cause. Alhamdoulillah, nous ne sommes pas dans la situation des sahabas, que Dieu les accepte parmi les pieux, dont la vie était menacée : en tant que musulmans, vivant dans un pays non musulman, une responsabilité supplémentaire nous incombe selon moi, l’appel a l’islam, toujours avec respect et douceur. Wa Allahou a3lam.

    Merci encore de ce message Lila, il est toujours intéressant d’échanger et de confronter ses points de vue. Que Dieu nous aide et nous guide tous sur le droit chemin. Je vous aime fillah akhawate.

    Nadège BAHIAOUI (rédactrice Imane Magazine)

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