Le développement de la vie culturelle palestinienne a été pénalisé par 43 années d’occupation israélienne. La jeunesse palestinienne vivant plus particulièrement dans le nord de la Cisjordanie occupée est très peu en contact avec des activités culturelles (aussi bien de Palestine qu’internationales) et elle a peu de chances de s’y consacrer et d’y exprimer sa créativité.
Le Théâtre de la Liberté contrebalance cette tendance en proposant la seule école de théâtre professionnel dans le nord de la Cisjordanie. Son premier objectif est de renforcer l’autonomie des jeunes adultes palestiniens, en leur apportant les outils qui leur permettront d’être libres dans leur esprit et dans leur corps, capables de formuler un message de liberté à la fois pour les palestiniens et pour la communauté internationale. Les élèves y apprennent à se considérer comme des libérateurs qui travaillent pour délivrer leur pays plutôt que comme des victimes sous occupation.
Le 12 juillet 2011, se jouait les pièces « Handala » et « Sho Kman » dans le 11ème arrondissement de Paris, spectacle auquel j’ai assisté. Plusieurs stands avaient été dressés pour l’occasion : pin’s de soutien à la Palestine (Handala), créations artisanales palestiniennes, huile d’olive… L’ambiance est festive. En première partie, j’assiste à un extrait de pièce qui s’intitule « Handala » ; cette pièce met en scène des situations de la vie courante en Palestine. Les personnages s’expriment sur la guerre qui hélas, fait partie intégrante de leur quotidien. La violence qui fait rage dehors, s’immisce insidieusement dans les foyers. Malheureusement la traduction spontanée n’étant pas tout à fait au point, je n’ai pas pu comprendre le texte des acteurs.
2ème partie : La pièce (Mise en scène Nabeel Al Raee & Zoé Lafferty)
« Sho Kman » (« Et quoi encore ? ») est une création originale basée sur l’expression corporelle, résumant comment les jeunes palestiniens voient le monde autour d’eux. Cette pièce explore la manière dont l’occupation et la violence qui leur est faite s’insinuent et se reflètent dans leur propre univers générant une forme de chaos intérieur, détruisant l’amitié, la famille, la société et l’état. Un cycle cruel de provocations et de répressions qui n’en finit pas. Nous suivons les rêves et désirs, les peurs et anxiétés, les interdits et dissimulations.
C’est quoi l’avenir dans une cage ? Comment exprimer ses émotions quand on ne sait pas vers qui les diriger ? Que signifie grandir là où quelqu’un d’autre contrôlera toujours votre avenir, là où le faible n’a aucune place et où la seule façon de survivre dans la société est de démontrer sa force ?
Emportés au cœur des contradictions inhérentes à cette situation, et à ce rythme de vie qui forcent les jeunes hommes palestiniens vivant dans le camp de réfugiés de Jénine, en ville et dans les villages, à se poser la question : Qui sommes-nous ? Une étape importante dans leur lutte pour se libérer des entraves et chaînes accumulées qui les emprisonnent. Le but final : la Liberté.
Mon avis :
Cette mise en scène m’a bousculée. J’ai été soufflée par l’interprétation : emportée, perçante. Mais n’est-ce pas justement ce que vivent les jeunes palestiniens ? La chorégraphie est saccadée, vibrante, presque bestiale. Une interprétation qui vous laisse en pleine réflexion. Tout cela est si loin de nous, comment pourrions-nous saisir et comprendre tant de force et de cruauté gratuites ? Une chose est sûre, le théâtre leur donne ce souffle de vie qui leur permet d’espérer et d’exister.
www.thefreedomtheatre.org (lien en anglais)