Par Pauline de landscapture.com
Tour à tour impériale, littéraire, révolutionnaire, Saint Petersbourg est la destination de ce tout dernier carnet de voyage. Fondée par Pierre le Grand en 1703, la cité des Tsars est aujourd’hui l’un des joyaux culturel et touristique de la Russie.
Fin septembre 2013, alors que l’été s’éloigne peu à peu de l’hexagone, je boucle mes valises et j’emporte avec moi de nombreux a priori sur la Russie. Il me tarde de découvrir ce pays, légendaire « ennemi » de l’ouest !
Mon arrivée à l’aéroport de Pulkovo fut rude, tant par les températures que par le passage aux frontières. Imaginez-vous sortir de l’avion et passer directement dans un hall aussi grand que large où des centaines de personnes patientent dans des files interminables. Après plus d’une heure de queue, voilà mon tour. J’esquisse un sourire, je récolte un regard antipathique. Quelques remontrances et une flopée de questions plus tard, me voilà de l’autre côté, libre. Enfin presque ! Al hamduliLlah.
Pour rejoindre le centre de Saint Petersbourg il m’a fallu traverser la périphérie de la ville. De larges avenues, des bâtiments de briques rouges datant probablement de l’époque du bloc soviétique… A l’instar de nos banlieues à nous, ici aussi la tristesse semble avoir élu domicile.
A mesure que l’on se rapproche du centre, les façades se font plus soignées, plus colorées. Une beauté noble émane de ces palais finement travaillés. Les dômes et les bulbes dorés des très nombreux édifices religieux réveillent ce ciel menaçant. Je découvre alors cet aura évoqué par pléthore d’écrivains à travers les âges. Je reste bouche-bée face à tant de richesse.
La nuit enveloppe la ville et le sommeil m’emporte.
Au petit matin, je prends la direction de l’île de Petrogradskaya, de l’autre côte de la Neva. C’est ici que se dresse fièrement la Forteresse Pierre et Paul. Ancienne enclave militaire construite par Pierre le Grand, il y fit construire une cathédrale, qu’il coiffa d’une longue flèche dorée de plus de 11O mètres de haut qui représente encore sa soif de grandeur. L’intérieur est couvert de marbre et d’or… je découvre que comme les catholiques, les orthodoxes sont friands de décors pompeux ! Bien que la triple nef soit éblouissante par ses dimensions et ses couleurs, la collégiale vaut tout autant le coup d’œil. Il s’agit en fait de la nécropole de la famille des Romanov. Pierre Le Grand, Catherine II, Nicolas Ier… Bref, le gratin de l’oligarchie de l’époque !
Petite aparté : c’est sur l’île de Petrogradskaya que se trouve la Mosquée Tatar. Je n’ai pu m’y rendre, néanmoins je souhaitais vous en toucher deux mots. Fermée sous le régime communiste, la mosquée est aujourd’hui de nouveau « en service ». Construite dans le pur style Ouzbek, le mihrab et les nombreux tapis perses sont, parait-il, remarquables.
Après autant de dorure il est temps de prendre l’air et de profiter des rives de la Neva. En contrebas de la forteresse, une large promenade pavée offre un superbe panorama sur les monuments de St Petersbourg. On aperçoit la coupole dorée de St Isaac, le Palais de l’Ermitage et tout au loin la flèche (elle aussi dorée, tiens donc quelle originalité) de l’Amirauté qui abrite encore aujourd’hui des départements de la flotte Russe.
Il est midi, je reprends le chemin du Triangle d’Or, de l’autre côté du fleuve. J’empreinte alors ces ponts, qui, la nuit, se lèvent pour laisser passer les navires marchands.
L’après midi commence sur la Perspective Nevski. Artère centrale traversant la ville de part en part. Souvent comparée aux Champs Elysées je soutiendrai plus la ressemblance avec le strip de Las Vegas, rapport aux gigantesques monuments qui la jouxtent. Je ne pourrais pas tout décrire tellement l’œil est sollicité. C’est d’ailleurs à ce moment précis que j’ai compris la volonté de Pierre Le Grand : faire de cette ancienne zone marécageuse, une vitrine pour l’Europe. Tout est beau, propre, lisse.
Derrière mois se trouve Notre Dame de Kazan. Sa construction fut largement inspirée de la Basilique Saint Pierre de Rome. Sa forme arrondie, ses lignes de colonnes… Elle fait néanmoins beaucoup plus austère que son modèle. A l’intérieur, la pénombre règne. Les lueurs des cierges et les fumées d’encens alimentent se coté mystérieux. Transformée en musée de l’Athéisme pendant la période soviétique, la cathédrale expose aujourd’hui les étendards de l’armée de Napoléon, pris par les troupes Russes lors de la défaite de la Bérézina.
En sortant, je me dirige vers l’Eglise de Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé. Pour m’y rendre j’emprunte l’un des nombreux canaux de la ville. Avoir de l’eau en pleine ville je trouve cela toujours très agréable et reposant. A ce moment même je frise l’indigestion d’édifices religieux, d’iconoclastes en tout genre et autres bibelots dorés ! A présent au pied de l’Eglise, je suis fascinée par ses bulbes colorés, elle ressemblerait presque à un jouet ! En revanche, tenez-vous bien, son intérieur est d’une grande beauté. Exit le style orthodoxe russe classique évoqué plus haut. Ici, la moindre parcelle de mur est recouverte de mosaïques et de peintures. Du sol au plafond, des milliers d’icônes sont représentées avec finesse et réalisme. Vraiment je suis scotchée.
Après cette longue journée de visite, arrêt obligatoire pour la gourmande que je suis : le Café Singer. Situé sur la Nevski, ce bâtiment art-déco abrite un café des plus réputés. On y sert quelques douceurs sucrées… parfait pour me requinquer.
Nouvelle journée, nouvelle ambiance !
Que serait Saint Petersbourg sans le Palais de l’Ermitage ? C’est probablement le site le plus connu de la ville et des hordes de touristes (et les pick-pockets qui vont avec) s’y pressent chaque jour. Je me suis fixée 3h pour en faire le tour, parce que moi et les musées ça ne fait pas vraiment bon ménage !
Tout n’est que douceur, harmonie, volupté, beauté. Aucune fausse note ne vient accrocher le regard. C’est à tomber par terre ! A mesure que l’on traverse les cabinets et autres salles d’apparat, la marqueterie grince. On se surprend à chuchoter, à marcher sur la pointe des pieds, comme si nous prenions part à toutes les conspirations qui furent élaborées ici même à l’époque de l’Empereur. On y découvre des merveilles antiques, des trésors de l’Europe des siècles passés et quelques témoins du faste des Tsars. Émerveillée par cette opulence et cette splendeur, inutile de vous dire que 3 pauvres heures pour visiter ce musée c’est peanuts !
Quoi qu’il en soit il faut se faire une raison, je dois me rendre à Tsarkoye Selo, ancienne résidence impériale, également appelée « Pouchkine » en mémoire à l’écrivain. Une grosse heure de route plus tard, j’aperçois au loin les bulbes dorés de la chapelle du Palais. La bâtisse est imposante par ses dimensions (sa façade bleue et blanche mesure 300 mètres de long) autant que par son architecture rococo. Les salles de réception sont sublimes mais ce qui vaut vraiment le détour c’est le cabinet d’ambre, où les murs et le plafond sont recouverts de cette résine naturelle. Vraiment dingue ! Face au château s’étend un vaste parc à l’anglaise. Le temps est clair, ce qui rend très plaisante cette balade en nature. C’est d’ailleurs ce qui manque à St Petersbourg : des parcs publics, de la verdure, même les arbres sont rares.
Avant de rentrer à l’hôtel, j’improvise un arrêt dans un petit commerce. Les abeilles dessinnées sur la vitrine avait attiré mon attention… Serait-ce un apiculteur ? Bingo ! J’ai trouvé la caverne d’alibaba ! Un magasin dédié aux produits de la ruche. Propolis, alvéoles, miel… Bien que la discussion avec la vendeuse fut très compliquée, il me semble avoir compris que les Russes se soignent beaucoup à partir de ces produits, d’où la présence de nombreux magasins de ce type partout dans la ville !
C’est sur cette note sucrée que j’achève mon voyage à Saint Petersbourg. Ce fut un voyage enrichissant qui m’a permis d’apprendre beaucoup sur l’Histoire et sur la Russie. Je m’imaginais une ville sombre et triste, aux lignes rigides chères à l’époque Stalinienne. Loin de mon idée de départ, je repars enchantée de cette escapade intensément culturelle. J’ai cependant été déçue sur le plan humain. Les saint-Petersbourgeois sont fiers et extrêmement froids, trop souvent à la limite de l’impolitesse. Leurs regards hautains, leurs bousculades assombrissent le tableau. Avec le recul, je m’interroge sur tous ces étrangers qui viennent à Paris… ressentent-ils le même sentiment de nonchalance et d’arrogance ? A méditer.