Depuis quelques temps, la finance islamique se « démocratise » et de beaux projets commencent à voir le jour. Et nous, les belles initiatives qui visent à faciliter la communauté, on aime ça chez Imane magazine ! Rencontre avec Nagiba Jemli, du groupe bancaire 570 easi.
Pouvez-vous nous présenter de manière simple, pour les non-initiés à la finance islamique, le groupe easi 570, ses actions, ses objectifs et le rôle que vous tenez au sein de l’organisation ?
Assalâmou ‘Alaykoum,
570 easi ou Groupe 570 est une équipe d’entrepreneurs français issus du monde de la finance, du marketing relationnel et spécialistes en montage de solutions financières shari’a compatibles.
Forte d’une expérience certaine dans les plus grands groupes internationaux, notre équipe a également fait ses armes dans le monde associatif musulman.
Anass PATEL et Amine NAIT-DAOUD en sont les co-fondateurs, de mon côté je suis en charge du service relation clientèle.
Notre mission est d’apporter une réponse à la demande criante de la clientèle française pour des produits et des services financiers plus transparents, compatibles avec leurs convictions religieuses, et s’inspirant d’une certaine éthique. C’est ce qu’on a décidé d’appeler des « solutions easi, éthiques à sensibilité islamique ». Nous nous positionnons comme des facilitateurs entre d’une part ceux qui ont des projets, particuliers ou professionnels, d’autre part les institutionnels (banques, compagnies d’assurance, sociétés de gestion). Concrètement, les solutions que nous souhaitons apporter à nos clients français sont les suivantes :
– pour les particuliers : solutions d’épargne, financements immobiliers, financements auto
– pour les professionnels : solutions de placement, financements pour l’activité pro ou des locaux, financements pour des équipements (auto, machine, etc.)
– pour les entrepreneurs et investisseurs : solutions d’investissement innovantes sans faire appel au crédit bancaire mais à des fonds d’investissement et des instruments islamiques comme les « sukuks ».
La finance easi est-elle réservée aux musulmans ?
Non, c’est une finance ouverte à toute personne sensible aux fondements éthiques de la démarche easi. Il n’existe aucune interdiction visant à défendre les non-musulmans d’avoir recours à des produits et services financiers easi.
Prenons l’exemple concret d’un particulier possédant un petit capital qui souhaite acquérir un bien immobilier sans avoir recours au crédit ribawi, quelles sont les solutions s’offrant à lui et quelles démarches doit-il entreprendre ?
Le fait d’avoir un apport ou non n’est pas déterminant pour l’accès à une solution de financement easi. Nous avons développé 2 solutions de financement immobilier easi :
570 IMMO Murabaha : remboursable sur 10 ans maximum et pour lequel nous avons annoncé le lancement effectif lors du Salon Internationale du Monde Musulman le 17 décembre dernier en partenariat avec la banque Chaabi Bank.
570 IMMO Mucharaka remboursable jusqu’à 25 ans, cette solution sera disponible dans quelques temps inchâ allâh nous y travaillons.
Pour réaliser une étude d’éligibilité et une simulation c’est très simple, il suffit de nous contacter par mail à cette adresse : contact@groupe570.com
Pouvez-vous, encore une fois en prenant en compte notre méconnaissance du domaine, nous expliquer en quoi vos propositions ne sont pas un crédit ribawi « caché ou détourné» ?
Le fait que deux choses se ressemblent, ou que deux actions conduisent à un même résultat en apparence, n’implique en rien qu’elles soient de même nature ou, dans le cadre d’une analyse juridique islamique (fiqh), qu’elles aient le même statut. Ainsi, pour prendre un exemple concret, rien ne permet de différencier un steak provenant d’un animal abattu conformément au rite musulman d’un steak provenant d’un autre animal. Pourtant, si la consommation du premier est licite (halal) pour le musulman, celle du second ne l’est pas : le fait qu’ils aient la même apparence ou le même goût ne change rien à cette réalité.
La Murabaha est un contrat de vente dans lequel le vendeur indique à l’acheteur le prix de revient de la marchandise qu’il lui propose et, par conséquent, le montant précis de sa marge bénéficiaire. C’est cette simple transaction, dont le caractère licite ne peut faire l’objet d’aucun doute, qui a été aujourd’hui aménagée pour être transformée en un mode de financement : l’individu qui désire faire l’acquisition d’un bien sans tomber dans le ribâ approche un établissement financier islamique et lui demande d’acheter le bien concerné pour le lui revendre ensuite avec une marge définie (le règlement étant effectué généralement de façon différée, suivant un échéancier convenu entre les deux parties).
Quels sont les projets en cours et quel est le calendrier prévu pour leur mise en place inchaAllah ?
Une fois le produit Immo Murabaha bien lancé, nous souhaitons proposer un produit d’épargne : Epargneo, qui permettra à tout un chacun de placer son argent de façon halal, soit par un capital déjà constitué soit grâce à des versements réguliers (de l’ordre d’une cinquantaine d’euros par mois).
Pour la suite, nous restons sur notre feuille de route qui consiste à proposer des solutions accessibles à tous par le biais de notre gamme de produits : Immo, Leasing Pro, Auto et éventuellement Conso. Concernant les professionnels, il s’agit principalement de solutions sur mesure. Nous travaillons néanmoins sur quelques projets spécifiques tels que le financement des licences de taxi ou encore le financement des fonds de commerce.
Pour les professionnels, une seule adresse : servicespro@groupe570.com.
Merci pour ces éclaircissements et votre investissement dans ces projets plus qu’indispensables. Le mot de la fin vous revient.
Les choses avancent dans le bon sens grâce à Dieu, mais la finance islamique ne se développera à grande échelle qu’à la condition d’une synergie entre tous les acteurs complémentaires de fait.
C’est pour cela que nous préconisons 3 grands axes d’action afin de permettre à cet écosystème naissant de donner des choses concrètes pour le grand public :
– il faut plus de concurrence, plus d’acteurs sur le terrain. Un marché n’est dynamique que si vous avez une compétition entre les différents acteurs.
– il faut sortir de l’image d’un marché de niche réservé à des spécialistes pour devenir un marché avec un potentiel de masse ouverte à tous les entrepreneurs, les PME et le grands groupes du monde de la finance, de la banque, de l’assurance et de la distribution.
– il faut que le consommateur musulman se fasse plus visible, plus audible et plus exigeant.
Assalâmou ‘Alaykoum chers frères et soeurs,
Je vois que les questions fusent et je remercie, au nom de toute l’équipe 570, celles et ceux qui ont apporté leurs encouragements et des réponses éclairées de sagesses machâ allâh.
Je vous remercie par avance de faire preuve de retenue Candy, je ne pense pas mériter, ainsi que toute l’équipe de 570, vos accusations sachant que notre intention est pure et sachant les années, les mois, les jours, les heures passés à travailler sur ce projet, ambitieux certes, mais qui a le mérite d’apporter une solution de financement et d’épargne halal afin de sortir de cette chose tant détestée par Allah et son prophète Mouhammad(saws), qu’est la ribbâ.
Afin de vous permettre de mieux appréhender cette finance et sa complexité ; et de répondre à vos questions-objections je vous propose ci-dessous des liens très ciblés, intéressants et formateurs pour celles et ceux qui souhaitent vraiment comprendre la finance islamique, car la science n’appartient qu’à celui qui va la chercher 🙂
Bonne lecture inchâ allâh ! (il suffira de copier les liens et de les coller dans la barre url)
Extraits de conférence (très intéressants !) :
– Conférence Groupe 570 et Aidimm (35 min) : http://www.dailymotion.com/video/xka52s_conference-aidimm-du-25-juin-2011_news
– La dernière conférence organisée par l’équipe Dourous.net au Bourget avec des interventions de Cheykh Mohammad Patel (Secrétaire Général d’ACERFI) et Anass Patel (Président du Groupe 570) :
http://dourous.net/dourous/actualites-et-venements/dclic-recoit-le-cheikh-mohamed-patel-et-anas-patel-sur-la-finance-islamique-1ere-partie/172
http://dourous.net/dourous/actualites-et-venements/dclic-recoit-le-cheikh-mohamed-patel-et-anas-patel-sur-la-finance-islamique-2eme-partie/174
Questions/réponses suite à un tchat organisé par le Groupe 570 (très complet ! ) :
http://blog.570easi.com/uncategorized/special-tchat-en-ligne-2e-edition-570-a-repondu-a-vos-questions-1ere-partie-le-financement-immobilier-easi-365.html
http://blog.570easi.com/uncategorized/special-tchat-en-ligne-2e-edition-570-a-repondu-a-vos-questions-1ere-partie-les-solutions-easi-375.html
Exemple concret de financement immobilier easi (éthique à sensibilité islamique) :
http://blog.570easi.com/produits/etude-de-cas-1-acheter-un-bien-immobilier-119.html
Autres sources d’informations
Les questions de M. EASI (version BD, très ludique) : http://blog.570easi.com/category/les-questions-de-m-easi
Notre site : http://570easi.com/
Notre blog (alimenté par Anass PATEL) : http://blog.570easi.com/
Le blog de Cheykh Mouhammad PATEL (membre d’ACERFI) : http://www.finance-muslim.com/2011/06/compte-courant-conventionnel-ou-compte-courant-conforme-au-droit-musulman
Salam aleikoum
Merci pour toutes vos interventions.
Soeur Nûr, nous t’invitons vivement à te diriger vers le site http://570easi.com/ afin de leur poser directement tes questions via le formulaire de contact ; ils sont spécialistes de la finance islamique, de par le fait, ils sauront te répondre précisément.
FiamaniLLah
salaam aleykoum,
>Merci mes soeurs et merci pour nous ma soeur Nagiba de ton message et pour ces liens que tu nous as mis.
Bismillâhir-rahmânir-rahîm,
Assalâmou ‘alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh,
Avec avant tout, mes excuses pour cette intrusion et un grand merci à Nagiba (qu’Allâh t’élève dans les degrés du Paradis).
Je me permets de vous soumettre quelques remarques générales sous forme de questionnement qui bi idhnillâh permettront à minima d’éclairer un tant soit peu vos réflexions, non pas uniquement sur les solutions que nous développons mais de façon plus large sur nos rapports à l’argent.
Je suis personnellement assez étonné de lire que des propriétaires « s’engraissent » avec le loyer qu’on leur paie, qu’un loyer est une perte d’argent, ou encore qu’une marge commerciale n’est autre que de l’usure…
Le loyer n’est autre que le prix d’une prestation, d’un service, et il est légitimé par la propriété (détenue par le bailleur) d’un bien donné. Il s’agit d’un investissement pour le propriétaire qui a acquis le bien et qui espère en tirer des revenus en le mettant en location. C’est une posture noble de commerce qui ne mérite pas que l’on y attache certains termes péjoratifs. Le loyer n’est donc ni une perte pour vous car vous logez votre famille par cette dépense (qui est donc comptée en bien pour vous devant votre Créateur) ni un engraissement pour le propriétaire mais simplement un gain réalisé dans une opération commerciale (commerce ici au sens large).
Et c’est justement cette notion de gain qui fait défaut dans notre analyse des rapports d’argent et en particulier dans le cadre de l’opération de Murabaha (achat puis revente d’un bien immobilier). En fait, nous avons tout simplement fait un raccourci qui biaise totalement notre compréhension en assimilant la notion de « gain » à la notion de « ribâ ». En d’autres termes, le musulman lambda considérera qu’il s’agira de ribâ tant qu’un gain est réalisé par la banque dans l’opération.
Pouvons-nous raisonnablement attendre de la banque qu’elle nous prête 100 et qu’on lui rende 100 dans 25 ans… ? Le feriez-vous pour votre propre frère (de sang j’entends) ? Disons 100 000 € et non 100 € ? La réponse est non, et celui qui dit oui est soit un menteur, soit un millionnaire, or ces deux catégories sont sous-représentées dans la communauté musulmane, nous resterons donc sur le « non ». De même, faudrait-il que la maison achetée à 100 vous soit revendue à 100 pour que cela soit licite ? Quelle logique commerciale ? Connaissez-vous un seul commerçant sur terre qui achète pour revendre au même prix ?
Allons plus loin, qui paie les charges, les salariés, les locaux, les frais de la banque pour qu’elle puisse fonctionner et vous proposer ces financements gratuits ?
En réalité, rien n’interdit le gain, bien au contraire, mais les injonctions coraniques et prophétiques sont claires quant aux façons dont ce gain doit être réalisé…prenez typiquement le verset bien connu sur le thème de l’intérêt (sourate 2, verset 285) : « Et Allâh a rendu le commerce licite et a interdit l’intérêt ». L’on y voit clairement la distinction entre les différentes formes de gain, celles qui sont licites (toutes les formes de commerce tant que certaines règles ne sont pas transgressées) et celles qui ne le sont pas (en l’occurrence ici parmi les plus graves, à savoir l’intérêt).
Enfin, sur la provenance des fonds :
1. L’argent n’est pas intrinsèquement licite ou illicite, c’est son utilisation qui peut être qualifiée de la sorte. Imaginez que vous tenez une boutique de cosmétiques halal (exemple pris au complètement au hasard ), vous amuserez-vous à demander à chaque client(e) d’où vient son argent avant de lui vendre le produit ? Peut-être cet argent a-t-il été volé ? ou provient-il de la vente de produits illicites (drogue, alcool, etc.) ?
2. Néanmoins, il s’agit effectivement d’une question traitée par les savants qui recommandent dans le cas présent d’isoler une poche de fonds propres dédiée à cette activité et ne provenant pas d’emprunts à intérêts. Une autre possibilité est d’utiliser l’argent déposé sur les comptes halal à cet effet.
3. Pour les plus avertis, sachez que nous travaillons sur une solution de refinancement halal par le biais des Sukuk (souvent présentés comme l’équivalent halal des obligations) afin que toute la chaîne soit au top, maillon par maillon, mais ce n’est pas une mince affaire…
Wallâhou a’lam wa a’lâ
En espérant avoir contribué positivement à cet espace d’échanges dont je remercie l’initiatrice pour son remarquable travail.
Fraternellement
Amine ND
Salaam Aleykoum,
Baraka Allâh Ufik mon frère Amine pour ton intervention juste et pertinente, c’est vrai tu as raison Inshâ Allâh!
salam aalikoum, je trouve ça très bien que ce concept évolue inchaallah jespère qu’il évoluera encore et encore, cependant pour que cela soit réèllement du commerce il faudrai peut etre que les biens soit dans un premier temps choisi et acheté pas 570 et dans un second temps proposé à nous et acheter par nous. Allah ou a3lem. Ce que je trouverais encore mieux c’est que ces organismes proposent des emplois à notre communauté qui en trouve difficilement et qui accepte les femmes voilées cela serai encore plus interessant pour notre communauté l’entraide est importante rester soudé la oummah
Salam
je voudrais juste souligner qu’en achetant la maison et en la vendant la banque islamique prend un risque, un des piliers du commerce hallal alors que les banques normales prennent Zero risque.
walahou a3lame
salam
moi je pense que c’est une bonne initiative pour nous les muslmans.Par contre j’ai une petite question:
Combien faut t’il avoir d’apport à la base pour pouvoir prétendre à ce service?par exemple une maison a 200 000 €???
Parceque beaucoups ont des revenus modestes
Salamou Alaikoum,
J’ai une question concernant le fonctionnement de votre offre.
J’ai effectué une simulation sur votre simulateur avec les données suivantes :
– Prix vendeur 160.000
– taux notaire : 7%
– apport : 40.000
– durée : 10 ans
Le simulateurs m’indique que le coût total du financement est de : 159 483,13€
– Supposons que la personne qui a acheté l’appartement est obligé de déménager pour des raisons professionnelles, au bout d’une année.
Donc il est obligé de vendre l’appartement 1 an après l’avoir acheté.
Comment peut t-il procéder dans ce cas précis ?
Dans le cas des prêts ribawiya, il peut racheter le crédit et ne payer que les intérêts sur une année.
Dans le cas de la formule que vous proposez, je n’ai trouver indiqué nul part les modalités pour ce type de situations.
Est-ce que la personne devrait donc payer la totalité des 159 483 euros ?
Dans ce cas, pour habiter une année ça va lui couter : 159 483 + 40 000(apport) – 168.000 (prix de vente) – 11 200 (droits de notaires) = 20283 euros
Donc pour une année la personne va débourser 20283 euros.
Ceci est un cas particulier, mais qui se produit souvent dans notre société.
L’une des raisons d’interdire riba dans l’islam est la protection des plus faibles, je ne pense pas que ce que j’ai présenté plus haut, permet de respecter ce principe de protection des plus faibles.
Peut être que vous proposer une autre solution pour le cas de figure présenté ci-dessus?
Je vous remercie par avance, pour votre lecture et votre réponse.
salam alikoum.
Je suis desolée de vous informer que votre proposition est illicite.En effet,il faut que votre etablissement est deja en possession le bien immobilien pour que ce soit halal.La transaction est licite que si le bien appartient a votre etablissement au moment de l etablissement du contrat.
En effet le compagnon Hakim ibn Hizam interroge le prophete (sws) en disant: »l homme vient de demander une marchandise que je ne possède pas,je me rend alors au marché et je l achete pour la lui revendre ».Le prophete (sws) lui repondit: »ne vend pas quelque chose que tu ne possèdes pas. »(cf l ouvrage « riba » de Cheikh Salih Al fawzan)
Si vous achetez le bien apres l avoir negocier avec le client,ceci constitue une pré_vente illicite.
Salam alikoum