Les 4 écoles juridiques en Islam

Lors de nos diverses actions quotidiennes, cultuelles ou pas, il arrive toujours des moments où on ne sait pas vraiment comment agir. Comment compenser un jeûne manqué ? Combien de rakaa’ faire lorsque j’intègre une prière en groupe déjà commencée ? Combien de temps maximum durent les lochies (saignements de suites de couche) après l’accouchement ? Ces questions souvent pointues, sont traités dans la science du Fiqh, Cette science est différentes selon les 4 écoles juridiques en islam. Petite explication

En effet, qui n’a jamais été confronté à des problématiques de ce type ? Tellement précises en fait, que l’on a du mal à imaginer qu’il puisse y avoir eu débats sur ces points de détail. Détrompez-vous chères sœurs ! L’islam, comme vous le savez, est une religion qui fait partie intégrante de toute notre vie, jusqu’à ses parties les plus infimes et intimes. Fondés au préalable sur nos deux sources de « droit », à savoir le Saint Coran et la Sunna (paroles et actes du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam rapportés dans des ahadiths), nos actes se justifient également par le suivi de diverses écoles juridiques, madhhab en arabe.

Les 4 écoles juridiques (madhhab) les plus connus

Ces madhhab ont été créés à partir du travail de quatre imams et sont appelés le hanafisme, le malikisme, le shaféisme et le hanbalisme. D’autres madhhab existent mais étant minoritaires, nous ne les aborderons pas ici. Ce sont donc les quatre écoles qui ont résisté au temps parmi la bonne centaine qui ont existé. La majorité des musulmans sunnites et des états musulmans suivent en effet ces doctrines pour les cas de jurisprudence, ou fiqh, lorsque la réponse n’a pas clairement été apportée par nos deux sources de savoir principales. Il a pour avantage d’éviter les fitna (dissensions) qui pourraient résulter de différentes pratiques dans un même pays par exemple.

Comment sont nées les écoles juridiques ?

Plus l’époque du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam s’éloignait, plus il était difficile de répondre directement à certains problèmes : l’oubli et la disparition des proches de Rassouloullah salaLlahu ‘alayhi wa salam rendirent les jugements plus complexes et incertains. C’est à ce moment là que la science du fiqh est devenue indispensable et qu’émergèrent des écoles juridictionnelles. L’islam étant une religion où le débat et la discussion ont une grande place, certains jurisconsultes se sont spécialisés dans l’analyse et l’interprétation et tentèrent (et c’est toujours d’actualité) ainsi de parvenir à un consensus sur diverses problématiques particulières qui peuvent se poser. Les points de différences sont cependant nombreux et ont des degrés de discorde plus ou moins grands. Il est bon de noter que le fiqh donne des réponses contextuelles qui peuvent donc être amenées à évoluer dans le temps : c’est une science évolutive et sujette à controverses dans le corps scientifique même. A savoir toutefois que l’écrasante majorité des questions juridiques ont déjà été résolues par ces quatre écoles juridiques

Ces écoles permettent ainsi de pratiquer en s’appuyant sur la science de nos pieux prédécesseurs. Soyons conscient de la quasi-impossibilité de passer outre ces intermédiaires dans la façon d’appréhender notre religion. C’est périlleux dans la mesure où il faudrait être suffisamment compétent et savant pour exercer son libre-arbitre en tirant des règles depuis des sources que l’on ne maitrise certainement pas. Et Allah est le plus Savant.

Sources du fiqh et des différentes écoles

Elles sont de l’ordre de quatre éléments, que nous classerons par ordre de justesse et d’importance :

  • Le Saint Coran (versets sans équivoque et versets sujets à interprétation
  • La Sunna (actions, paroles, et consentement ou non interdiction)

De ces deux sources irréfutables découlent :

  • Le consensus général / Idjmah : accord commun d’un certain nombre de savants, reconnus et proche séculairement du Prophète salaLlahu ‘alayhi wa salam, sur une problématique donnée.
  • Le raisonnement analogique / Qiyas : mode de raisonnement déductif permettant aux savants de déduire des réponses à partir des différentes sources citées précédemment.

Chaque école a ainsi une méthodologie et des principes distincts. Les madhhab se fondent cependant tous sur les textes authentiques de la Sunna et du Coran. La différence est donc dans l’interprétation et la manière qu’ont préconisées les grands imams pour dégager les règles à partir des textes (ex. prise en compte du contexte de révélation des versets, et surtout manière de faire concorder des ahadiths d’apparence contradictoires relatifs à une question précise). Il faut donc comprendre le niveau extrêmement élevé nécessaire dans toutes les disciplines de la science religieuse pour pouvoir élaborer cette méthodologie. L’islam n’a jamais connu de plus grands savants que ces quatre grands imams.

Comment choisir son école juridique en Islam ?

Au départ, le principe est que chaque musulman doit, avant d’entreprendre un quelconque acte, savoir quelle est la règle de la charia en la matière. Tant que la règle est issue d’une des quatre écoles, ou de savants reconnus pour leur science et leur piété, chacun peut suivre la règle ou l’école qu’il veut, avec des conditions.

  • La première, ne pas être cause de fitna entre les musulmans en pratiquant différemment de la majorité.
  • La deuxième, comprendre précisément la règle.
  • La troisième, ne pas choisir en fonction de son envie, du degré de souplesse, et de ce qui est le plus arrangeant.

Autant dire que ce sont des conditions difficiles à réunir, c’est pourquoi certains savants préconisent pour la masse des musulmans (qui ne sont pas savants) de suivre l’école dominante dans leur pays.

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Les divergences : une source d’enrichissement en Islam

Petite parenthèses pour enrayer les différents jugements que l’on a tendance à entendre de la bouche de certains qui prétendent maitriser l’entièreté de la complexité de l’islam et de ses pratiques. Ne tombons pas dans le piège du « ce n’est pas comme ca qu’on fait », « mon frère/ma sœur ce que tu as fait c’est haram », et autres douceurs de ce genre ! Comme nous venons de le voir, la science du fiqh est TRÈS vaste et sophistiquée. Peu de gens peuvent se targuer de la maitriser alors, ce que nous pouvons prendre pour une erreur, dans notre grande ignorance, est parfois seulement une application d’un madhhab différent du notre ! Au lieu de juger, pourquoi donc ne pas interroger en douceur le frère/la sœur qui ne « fait pas comme moi » ? La réponse sera certainement une source d’enrichissement au lieu d’un vecteur de conflit, et si l’erreur est réelle et que vous avez la culture islamique nécessaire pour corriger et expliquer, n’oubliez pas s’il-vous-plait les règles du conseil (nassiha)!

Pour conclure, nous pouvons nous interroger sur la personnalité des fondateurs de ces écoles juridiques : qui sont-ils, ces célèbres imams qui régissent en partie nos pratiques cultuelles ? Comment sont-ils parvenus à marquer l’Histoire mais aussi notre vie de tous les jours en tant que musulmans du XXIème  siècle ? A suivre

N’hésitez pas à lire nos articles sur les fondateurs de ces 4 écoles juridiques

L’imam Ahmed Ibn Hanbal

L’imam Malik ibn Anas

L’imam Abu Hanafi

L’imam as-Shafi’i

11 réflexions sur “Les 4 écoles juridiques en Islam”

  1. Salam’aleykom wa rahmatuLLah,

    BarakAllahofikom! J’ai toujours voulu en savoir plus sur les 4 écoles, subhannAllah l’islam est une science, et quelle science vaste… Qu’Allah nous augmente notre science..
    Juste  » L’islam n’a jamais connu de plus grands savants que ces quatre grands imams. » Plutôt l’islam n’a pas connu de plus grands savants après la mort de ces 4 grands imams, non? Car les compagnons furent parmi les meilleurs après les Prophètes, ‘aleyhim salam, je me trompe?
    BarakAllahofik 🙂

  2. Salam alaikoum,

    Merci pour cet article intéressant! Je me retrouve tout à fait dans le questionnement et il apporte des réponses concises et claires.

    En plus de l’oubli et de la disparition des proches du Prophète, la naissance des 4 écoles juridiques est également très liée à l’apparition de nouvelles problématiques au sein des société dans lesquelles elles sont nées. Chaque imâm devait tenir compte des pratiques contemporaines de sa société afin d’accompagner les évolutions de celles-ci.
    Aujourd’hui, nous avons grand besoin de retrouver le chemin de l’Ijtihad des origines avec sa conception novatrice afin de répondre aux nouveaux défis que pose la médecine, l’écologie, la politique, les relations homme-femme…

    Je suis d’accord aussi avec le problème que pose l’attitude de certains qui, croyant bien faire sans doute, s’empressent de juger et de condamner. C’est le genre d’attitude à vous faire fuir. Donner des conseils n’est pas si facile surtout concernant la religion. Savoir ne suffit pas, il faut être pédagogue, respecter l’autre dans sa différence et par dessus tout, rester humble.
    En parlant d’humilité, un jour on posa une question à l’Imâm Al Chaféi et ce dernier se tut. Quand on insista pour avoir sa réponse il répondit: « Que je sache avant s’il vaut mieux que je réponde ou que je me taise » (Extrait du Livre du Savoir, Al-Ghazali).

    D’ailleurs il est intéressant de savoir que les 4 imâms avaient un immense respect les uns envers les autres. Ahmad Ibn Hanbal disait: « Je n’ai pas fait une seule prière depuis 40 ans sans oublier d’implorer Dieu en faveur de Chaféi » (Extrait du Livre du Savoir, Al-Ghazali). De même Chaféi disait : « Si on évoque les savants, Malek apparaîtra comme l’astre le plus brillant et personne n’est plus digne de confiance que lui » (Extrait du Livre du Savoir, Al-Ghazali).

    Ces grandes figures de l’Islam nous donnent donc une vraie leçon de respect mutuel et d’humilité à garder en tête.

    Salam alaikoum

  3. Salam alaikoum,

    Merci pour cet article clair et concis. Je me retrouve tout à fait dans les questions posées particulièrement celle de savoir quelle école suivre.

    Les écoles juridiques sont nées aussi pour répondre aux nouvelles interrogations apparues à leur époque. C’est là que le Fiqh trouve toute sa raison d’être et sa force, celle d’accompagner les évolutions de la société. Aujourd’hui les musulmans ont besoin de retrouver cette conception novatrice du Fiqh afin de relever les défis que posent l’écologie, la médecine, la politique, les relations homme/femme…

    Enfin, je suis tout à fait d’accord avec l’auteur de l’article pour dire que certains sont très maladroits quand il s’agit de donner des conseils en pratique religieuse. Conseiller exige de la pédagogie, une ouverture d’esprit et de l’humilité. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que les 4 imâms avaient un grand respect mutuel et préféraient se taire parfois quand une question leur était posée. Ils avaient conscience que les mots « haram » et « halal » (tellement galvaudés de nos jours) étaient lourds de sens.

    Wa Allahou aalam.

    Salam alaikoum.

  4. Assalamou alaykoum wa rahmatullah

    BarakAllahufik pr ce rappel. En effet c’est très imptt d’avoir et surtt de savoir d’où vient la science et ce que l’on fait ! Cela évitera des « Non! c’est pas comme ça kifofèr c haram (lol), c’est comme ça! » « Ah pourquoi? » « Ah ben parce que c’est comme ça c’est tout c’est comme ça qu’on l’a appris avec mamie » ^^

    Car n’oublions pas « nous ne suivons PAS l’imam Malik » ou tel autre imam aveuglément (qui eux meme ont dit que si on voyait une erreur contraire au Prophète saws dans ce qu’ils ont pu dire, qu’on jette alors leur fatwa contre un mur masha Allah qu’Allah azawajel leur fasse miséricorde pour leur grand travail) mais le Prophète saws et nous référons aux savants sur certains points qui peuvent être confus pr notre niveau 🙂

  5. L’imam Ahmad disait :
    « Ne me suivez pas en tout et pour tout (on appelle cela «et-Taqlid »), ni même Malek ou ech Chafi’i ou eth Thawri, mais apprenez comme nous avons appris !»

    Ainsi ‘Ali ibn abi Taleb disait :
    « Tu ne reconnaîtras pas la vérité par les hommes (c’est-à-dire en suivant un homme en particulier), mais sache la vérité et tu reconnaîtras les hommes qui suivent la vérité (la vérité c’est la preuve du Coran de la Sounnah et de l’ensemble des compagnons)».

    L’imam ech-Chafi’i disait :
    « Il n’est pas permis à celui qui prononce des décrets religieux de se baser sur mes propos tant qu’il ne sait pas d’où je les ai puisés »

    Et tous les savants sont unanimes pour dire :
    « Lorsqu’un texte authentique contredit nos paroles, alors délaissez nos paroles et pratiquez les textes ».

  6. Salam aleykoum!!

    baraka ALLAH oufikm pour cet article 🙂

    qu’ALLAH TAALA récompense ses illustres savants d’une très grande récompense!!

    petite précision d’autres sources existent comme le principe du convenable, l’intérèt général

    indéterminé, l’usage, la présomption de continuité, la loi des peuples monothéistes… mais les

    quatres principales autour desquelles tout le monde se rejoint sont celles citées dans l’article :
    1) Le Coran
    2) La Sunna
    3) Le Consensus
    4) Le raisonnement analogique

  7. Assalamou aleikoum !

    Un article clair, concis, trèèès efficace . Baraka allahu fik.
    Du coup, ici, en France, c’est quelle école qui prédomine ?

  8. salam aleykum tres bon article , mais je n ai toujours pas de réponses concernant les différentes écoles et laquelle doit on suivre , je suis bien sur le coran et la sunna , mais la je suis perdue ;(

  9. Salamalaykoum ,merci pour cette article très enrichissant.
    Cependant, j’aimerais éclaircir un point qui pour moi n’est pas bien clair
    Quand vous citer les règles à suivre concernant le suivit d’une école , notamment celle-ci : La troisième, ne pas choisir en fonction de son envie, du degré de souplesse, et de ce qui est le plus arrangeant.
    Pourquoi ne pourrions nous pas suivre l’avis d’une école qui nous arrange le plus ,puisque ses 4 écoles sont toutes bonne a suivre.
    Les savants de ses 4ecoles fondent leurs fatawas et leurs avis religieux avec le Coran et la sunna ,donc pourquoi interdire de suivre l’avis le plus arrangeant puisqu’il n’est pas faux ?
    Aussi j’ai déjà entendu que l’on ne doit pas suivre a l’aveugle et que l’on doit vérifier les sources ,mais je ne trouve pas cela logique puisque justement sa voudrais dire que nous devions vérifiée le travail du savant pour savoir si il dit vrai ,, pourtant ses au savant de nous apporter le savoir si c’est de vérifier leurs dire , reviendrais a duré que nous pouvons trouver sans les savants la science .
    Ses contradictoire .
    Merci d’éclairer ma lanterne si vous en avez le temps .
    Que la barakah d’Allah soit sur vous

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